Dette : la France au pied du mur, mais toujours pas le courage du tournant
- Equipe
- 15 avr.
- 3 min de lecture
Alors que François Bayrou met en garde contre le « piège dangereux » de la dette et promet de dévoiler les grandes lignes du budget 2026 avant le 14 juillet, une évidence s’impose : la France n’a plus le luxe de temporiser. Les recettes classiques – relance par l’investissement public, hausse des impôts, appels à la responsabilité budgétaire – ont montré leurs limites. Le pays a besoin d’un autre cap : redonner sa place à l’initiative privée, et lever les freins à la création de valeur.
Une dette qui atteint des sommets, sans résultats visibles
Avec une dette publique qui s’approche des 3 250 milliards d’euros, soit 110,6 % du PIB en 2024 selon l’INSEE¹, la France se rapproche dangereusement de la zone rouge. Et pour quel résultat ? La croissance reste anémique (+0,9 % en 2024), le chômage structurel ne faiblit pas, et le déficit s’établit encore à 5,5 % du PIB.
L’État investit, dépense, subventionne. Mais la machine économique ne redémarre pas. Pourquoi ? Parce que la création de richesse n’a jamais jailli d’un empilement de normes, de taxes et de transferts.
Les entrepreneurs français, entravés dans leur élan
La France est la championne européenne des prélèvements obligatoires : 45,4 % du PIB, selon Eurostat². Les charges sociales, notamment sur les salaires, restent parmi les plus élevées d’Europe. À cela s’ajoutent une instabilité fiscale chronique, un millefeuille administratif et une complexité réglementaire qui pénalise la compétitivité.
Résultat : la dynamique entrepreneuriale est ralentie. En 2024, les créations d’entreprises ont reculé de 4,8 %, d’après l’INSEE³. Les start-up à fort potentiel peinent à se développer sur le territoire et attirent difficilement les capitaux étrangers. Certains acteurs du numérique et de l’industrie préfèrent se développer depuis d’autres capitales européennes où les contraintes sont moindres.
Une fiscalité dissuasive
L’impôt sur les sociétés reste à 25 %, certes en baisse par rapport à 2017, mais les taxes de production (CFE, CVAE, etc.) continuent de représenter près de 70 milliards d’euros par an, bien plus que chez nos voisins allemands⁴. Or, ces impôts frappent les entreprises avant même qu’elles ne dégagent un bénéfice, asphyxiant leur capacité d’investissement.
Dans ce contexte, attirer les investisseurs devient une gageure. En 2023, la France a perdu sa place de première destination européenne pour les investissements étrangers au profit du Royaume-Uni⁵.
L’éducation, grande oubliée de la réforme économique
Autre levier trop souvent négligé : la formation. Si la France consacre plus de 150 milliards d’euros à son système éducatif chaque année⁶, les résultats ne sont pas à la hauteur des enjeux. L’enquête PISA 2023⁷ montre un recul préoccupant du niveau en mathématiques et en compréhension écrite.
Surtout, l’école reste déconnectée des besoins réels du marché du travail. Les filières professionnelles manquent de reconnaissance, les passerelles sont rares, et l’alternance reste sous-utilisée.
Favoriser l’autonomie des établissements, diversifier les modèles pédagogiques, renforcer les liens avec les entreprises : voilà des pistes concrètes pour mieux préparer les jeunes aux défis économiques de demain.
Un cap clair : remettre la création au cœur de l’économie
La France ne retrouvera pas l’équilibre budgétaire en comprimant ses dépenses à la marge, ni en augmentant encore les impôts – au risque de faire fuir les talents et les investisseurs. La véritable réponse passe par une stratégie offensive de soutien à la création d’activités :
Baisse significative des charges pesant sur la production et le travail,
Fiscalité lisible et stable pour les entreprises,
Simplification drastique des procédures administratives,
Accélération de la transformation éducative pour reconnecter les formations à la réalité économique.
Ce n’est pas un virage idéologique, mais une nécessité pragmatique. Les nations qui prospèrent sont celles où l’on peut entreprendre, embaucher, investir et innover sans craindre d’être pénalisé à chaque étape.
Sources :
INSEE – Comptes nationaux trimestriels, mars 2025
Eurostat – Tax-to-GDP ratio, édition 2024
INSEE – Créations d’entreprises 2024
Conseil des prélèvements obligatoires – Fiscalité de production, 2023
EY – Baromètre de l’attractivité de la France, 2024
Ministère de l’Éducation nationale – Projet de loi de finances 2024
OCDE – Résultats PISA 2023Dette : la France au pied du mur, mais toujours pas le courage du tournant
Kommentare