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« L’argent est le nerf de la guerre » : le vieux proverbe qui éclaire le défi productif français

Dernière mise à jour : 8 juil.

Expression populaire, vérité stratégique. Dans les couloirs feutrés des ministères comme dans les ateliers des PME, le proverbe latin « L’argent est le nerf de la guerre » n’a jamais été aussi actuel. Cette maxime, que l’on croit galvaudée, traverse pourtant les siècles avec une constance implacable. À l’heure où la France affronte simultanément un déficit abyssal, une dépendance industrielle préoccupante et un climat social tendu, il est urgent de s’en rappeler : les ambitions politiques, écologiques ou sociales n’ont de sens que si elles reposent sur une base économique solide et productive.



Des origines antiques à la finance moderne


L’expression trouve ses racines dans l’Antiquité romaine. En 51 av. J.-C., Cicéron écrivait à son frère Quintus : « Nervos belli, infinitam pecuniam » — autrement dit, « les nerfs de la guerre, c’est une quantité infinie d’argent ». Déjà, l’or conditionnait les batailles. L’Histoire n’a fait que confirmer ce diagnostic. Louis XIV finançait ses campagnes par la création de rentes ; Napoléon par les conquêtes et l’exploitation des territoires ; Roosevelt, enfin, réorganisa toute l’économie américaine pour soutenir l’effort de guerre en 1941.



2025 : le réveil français passe par la production


Aujourd’hui, le champ de bataille n’est plus militaire mais économique. Le déficit public français dépassait 5,5 % du PIB en 2024, la dette a franchi les 3 100 milliards d’euros, et la balance commerciale reste négative de près de 100 milliards. Mais au-delà de ces chiffres, c’est la capacité de produire, d’innover et d’exporter qui est en jeu.


Le tissu industriel français ne représente plus que 12,8 % du PIB, contre 24 % en Allemagne. Cette désindustrialisation n’est pas seulement un phénomène statistique : elle affaiblit la souveraineté nationale, limite la création d’emplois qualifiés, et freine la transition écologique, faute d’un outil productif capable de fabriquer localement éoliennes, batteries ou équipements ferroviaires.



L’entrepreneur, soldat du redressement économique


La France ne manque pourtant pas d’atouts. En 2024, plus de 1,15 million d’entreprises ont été créées, un record. Le pays compte désormais 17 licornes, ces start-up valorisées à plus d’un milliard d’euros. Mais ce dynamisme reste entravé par une fiscalité instable, un empilement réglementaire dissuasif et un accès au capital encore trop dépendant de l’étranger.


Il ne suffit pas d’invoquer la « start-up nation » : il faut désormais devenir une « scale-up nation », où les entreprises trouvent les moyens de croître, d’investir, de produire et de rester en France. La réorientation de l’épargne nationale vers l’industrie, la simplification de l’environnement administratif et une vraie politique de formation technique sont autant de leviers trop longtemps négligés.



Investir pour transformer


Un simple point de valeur ajoutée industrielle en plus, c’est 29 milliards d’euros de PIB supplémentaires, 120 000 emplois directs, et un allègement de la facture énergétique et carbone. Ce n’est pas une promesse : c’est une projection issue des modèles de l’OFCE et de l’ADEME. Dans un pays où les dépenses sociales atteignent près de 800 milliards par an, chaque euro investi dans la production permet d’éviter des euros distribués dans la compensation.


Le redressement français ne passera donc ni par un retour à l’austérité aveugle, ni par une fuite en avant budgétaire. Il passera par le réarmement productif, porté par ceux qui prennent le risque d’entreprendre.



Produire, ou se résigner


La France a trop longtemps cru qu’elle pourrait régler ses problèmes par la seule ingénierie fiscale ou par l’endettement. Le réel la rappelle à l’ordre. Comme au temps de Cicéron, aucune politique ambitieuse ne survit sans base économique. L’argent reste bien le nerf de la guerre — mais encore faut-il qu’il alimente le muscle productif.




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